Les dispositifs de formation évoluent, et avec eux, les méthodes utilisées pour transmettre des connaissances et des compétences. Loin des cours magistraux traditionnels, de nouvelles approches voient le jour pour favoriser la participation et l’engagement. Parmi elles, le serious game se distingue par sa dimension ludique et immersive. Tour d’horizon de ce concept, avec des éléments concrets pour mieux cerner ses bénéfices et ses limites.

Comprendre la notion de serious game

Un serious game est un jeu conçu dans le but d’enseigner ou de former, plutôt que de simplement divertir. Son intérêt réside dans l’association d’une mécanique de jeu (challenge, progression, collaboration) à des objectifs éducatifs précis. Cette alliance permet de stimuler l’attention et la motivation des participants, qui se retrouvent immergés dans une histoire ou un défi, tout en développant des compétences variées. Contrairement à un jeu purement récréatif, le serious game s’appuie sur une scénarisation pédagogique, parfois réalisée en étroite collaboration avec des formateurs ou des psychologues du travail.

Selon une étude publiée par l’Institut Français du Serious Game (IFSG), ces outils sont utilisés principalement dans les domaines de la formation professionnelle (41 %) et de l’éducation (29 %), mais ils trouvent également leur place dans la santé, le marketing et la sensibilisation aux causes sociales.

Comment se déroule un serious game

Le déroulement d’un serious game varie selon les domaines et les publics concernés. En pratique, on retrouve souvent :

  • Une phase d’introduction : les participants découvrent le scénario (sauver une entreprise en difficulté, résoudre une problématique technique, etc.).
  • Une phase d’actions : les joueurs doivent prendre des décisions, résoudre des énigmes ou coopérer pour atteindre des objectifs précis.
  • Un débriefing : moment essentiel où l’on analyse les stratégies mises en place, les erreurs commises et les bonnes pratiques à retenir.

Cette structure, qui favorise l’expérimentation, renforce l’acquisition de compétences (techniques, comportementales ou managériales). Les retours d’expérience montrent que l’implication durant le jeu améliore la rétention des connaissances et valorise la mise en pratique immédiate.

Selon une étude réalisée par l’Université de Stanford, les apprenants participant à des serious games enregistrent une augmentation de 34 % de leur engagement par rapport à des formations classiques.

Quels bénéfices pour l’apprentissage

Les serious games présentent plusieurs atouts :

  • Ils placent l’apprenant en position d’acteur plutôt que de spectateur.
  • Ils encouragent l’initiative, la prise de risque et le travail d’équipe.
  • Ils permettent de tester des choix sans conséquences réelles, favorisant ainsi l’expérimentation et l’erreur « positive ».
  • Ils suscitent un engagement supérieur à une formation classique, grâce à l’aspect ludique.

Au-delà de la dimension divertissante, le serious game devient un outil efficace pour développer l’esprit critique, la créativité et la résolution de problèmes, en poussant les participants à s’impliquer pleinement dans la simulation.

Exemples concrets

  1. Défiez les maîtres de l’eau

Développé par Eau de Paris, ce serious game éducatif vise à expliquer le cycle naturel de l’eau et à sensibiliser à sa gestion durable. Les joueurs doivent relever des défis pour comprendre les mécanismes de captation, de transport, de traitement et de contrôle de l’eau, tout en apprenant les gestes éco-responsables.

  1. Green Cash

Créé par 10Torsions, Green Cash aborde les sujets de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les participants sont répartis dans des multinationales fictives et doivent générer des profits tout en intégrant des actions durables et en préservant l’environnement. Le jeu met l’accent sur l’équilibre entre performance économique et engagement écologique.

  1. Simuland

Simuland est un jeu de simulation d’entreprise qui permet aux joueurs d’incarner un dirigeant et de prendre des décisions stratégiques. Tous les joueurs sont en concurrence sur le même marché et doivent gérer des ressources limitées tout en considérant des aspects tels que le développement durable. Ce serious game aide à comprendre les conséquences directes des décisions sur le succès ou l’échec de leur entreprise.

Freins et perspectives

Malgré leur popularité croissante, les serious games ne sont pas dénués de défis :

  • Leur conception requiert un investissement en temps et en ressources. Il faut un scénario solide, une équipe pluridisciplinaire (développeurs, pédagogues) et une logistique adaptée.
  • Tous les domaines de formation ne s’y prêlent pas forcément, et certains publics peuvent être moins réceptifs au format ludique.
  • Il est nécessaire de définir des indicateurs de réussite pour mesurer précisément l’impact de la formation sur le terrain.

Cependant, les perspectives restent encourageantes. Avec l’apparition d’outils numériques plus accessibles (simulateurs en réalité virtuelle, plateformes collaboratives) et une reconnaissance accrue de leur potentiel, les serious games s’imposent progressivement comme des outils incontournables de la formation professionnelle.

Ce qu’il faut en retenir

Les serious games incarnent une nouvelle dynamique de la formation, en mélangeant de manière unique la dimension ludique avec des objectifs pédagogiques précis. Ils constituent un outil stimulant qui valorise l’expérimentation dans un cadre sécurisé, permettant aux participants de tester leurs idées, de corriger leurs erreurs et d’apprendre dans l’action. Cette approche favorise une meilleure rétention des connaissances et un développement concret des compétences comportementales, telles que l’esprit critique et le travail en équipe.

Les exemples réels, tels que « Défiez les maîtres de l’eau », qui sensibilise à la gestion durable des ressources hydriques, ou « Green Cash », qui met en avant la responsabilité sociétale des entreprises, illustrent l’impact de ces outils innovants. « Simuland », quant à lui, montre comment des décisions stratégiques prises dans un jeu peuvent influencer la compréhension des dynamiques de gestion d’entreprise.

Bien que leur mise en place demande un investissement initial important, tant en termes de conception que de ressources, les serious games répondent aux besoins actuels des organisations en quête de nouvelles méthodes d’apprentissage interactives et adaptées à des publics variés. Ils ouvrent des perspectives prometteuses, à condition d’être conçus avec des objectifs clairs et mesurables, et de s’insérer dans une stratégie globale de formation.

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