En 2024, le paysage salarial des cadres en France a été marqué par des augmentations notables, bien que des disparités persistent selon les secteurs, les régions et les profils. Cet article explore en détail ces évolutions, en s’appuyant sur des données récentes et des analyses sectorielles.

Augmentations salariales générales

En 2024, une majorité de cadres ont bénéficié d’une augmentation salariale, selon une étude de l’APEC publiée en novembre 2024. Pour beaucoup, cette hausse n’a pas suffi à compenser l’inflation qui a atteint près de 5 %, entraînant une érosion du pouvoir d’achat. La progression salariale moyenne s’est établie à 4 %, mais la pression de l’inflation a limité les bénéfices réels pour les cadres.

Une enquête menée par L’Express a également révélé que 60 % des cadres ont vu leur rémunération augmenter en 2024, un niveau record par rapport aux années précédentes. Toutefois, pour de nombreux cadres, la hausse est restée inférieure à l’inflation, accentuant les préoccupations concernant leur pouvoir d’achat.

Secteurs avec des augmentations salariales significatives

Certains secteurs ont enregistré des augmentations supérieures à la moyenne nationale de 4 %.

  • Technologies de l’information et du numérique : Les métiers liés à l’IT et au digital ont bénéficié d’augmentations significatives, avec une moyenne de 7 %. Des postes tels que gestionnaire de domaine, consultant en cybersécurité et responsable de la sécurité des systèmes d’information ont vu leurs rémunérations progresser notablement.
  • Finance : Les professions financières ont également enregistré des hausses notables, entre 7 % et 9 %. Les rôles tels que trésorier, contrôleur de gestion et directeur administratif et financier ont particulièrement bénéficié de ces augmentations, reflétant la bonne santé du secteur financier et une forte demande pour ces compétences.
  • Sciences de la santé et biotechnologies ont connu une hausse moyenne de 4,5 % en raison d’une demande accrue post-pandémie et de politiques publiques favorisant l’innovation dans la santé. Les chercheurs en biotechnologie, les ingénieurs en recherche clinique, et les responsables de production pharmaceutique ont vu leurs rémunérations croître de manière significative.**
  • Numérique : Le secteur du numérique a bénéficié d’une augmentation notable, stimulée par la transformation digitale des entreprises et la pénurie de talents qualifiés. Les développeurs web, les data scientists et les chefs de projet IT ont été particulièrement recherchés, entraînant une hausse de leurs salaires.

Secteurs avec des augmentations inférieures à la moyenne

En revanche, certains secteurs ont enregistré des augmentations salariales plus faibles, souvent inférieures à la moyenne nationale.

  • Industrie manufacturière : Les augmentations salariales dans ce secteur ont été plus modestes, souvent inférieures à 2 %. Les métiers tels que responsable d’entrepôt, ingénieur de production et technicien de maintenance ont connu des hausses limitées, reflétant une croissance économique plus lente dans certaines régions, notamment le Grand Est et les Hauts-de-France.
  • Commerce de détail : Les cadres du commerce de détail, comme les directeurs de magasin et les responsables d’approvisionnement, ont vu leurs augmentations salariales se situer en dessous de la moyenne nationale, souvent autour de 2 %. Cette situation s’explique par des marges réduites et des pressions concurrentielles accrues qui limitent la capacité des entreprises à augmenter significativement les salaires.

Disparités régionales

Les cadres en Île-de-France continuent de percevoir des salaires nettement supérieurs à la moyenne nationale, avec une rémunération annuelle médiane de 58 000 € bruts. Cette différence s’explique par une concentration d’activités économiques à forte valeur ajoutée dans la région, ainsi que la présence de nombreux sièges sociaux d’entreprises internationales. En revanche, les régions comme le Grand Est et les Hauts-de-France, où les activités industrielles et manufacturières dominent, ont vu des augmentations salariales plus modestes.

Focus sur les avantages et compléments de rémunération

Face à la difficulté de maintenir des augmentations salariales en phase avec l’inflation, de nombreuses entreprises ont renforcé les avantages et compléments de rémunération pour attirer et retenir les talents. Parmi ces avantages, on retrouve :

  • Participation et intéressement : Ces dispositifs ont été utilisés pour compenser la faiblesse des augmentations salariales.
  • Avantages en nature : Abonnements de transport, tickets restaurants bonifiés et dispositifs de bien-être au travail (télétravail, aménagement des horaires, soutien psychologique).

Ces compléments permettent de compenser en partie la stagnation des salaires fixes et de répondre aux attentes des cadres en matière de qualité de vie au travail.

Perspectives pour 2025

Les prévisions pour 2025 suggèrent une modération des augmentations salariales. Selon le cabinet Mercer, les augmentations moyennes devraient atteindre 3 %, en baisse par rapport aux 4 % observés en 2024. Cette tendance reflète une approche plus sélective des entreprises, qui privilégient les augmentations basées sur la performance individuelle plutôt que des revalorisations collectives.

Parallèlement, certaines entreprises cherchent à mettre en place des dispositifs de rémunération variable liés aux performances économiques de l’entreprise. Cette dynamique est particulièrement présente dans le secteur des services financiers, où la part variable des salaires peut représenter jusqu’à 40 % de la rémunération totale, alignant ainsi les intérêts des employés avec ceux de l’entreprise.

Inégalités persistantes

Malgré les efforts pour réduire les écarts, des inégalités salariales persistent. Les femmes cadres continuent de percevoir des rémunérations inférieures à celles de leurs homologues masculins, avec un écart moyen de 16 % en 2024. Les disparités sont encore plus marquées dans certains secteurs historiquement masculins, tels que l’industrie ou l’énergie. Toutefois, des initiatives commencent à porter leurs fruits, comme l’imposition de critères égaux de promotion et de bonus, ainsi que des programmes de mentorat spécifiques pour les femmes.

Tendances internationales

Sur le plan international, la France se situe dans la moyenne européenne en termes d’augmentations salariales pour les cadres, mais reste en deçà des évolutions constatées dans des pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni, où la reprise économique plus dynamique a permis des hausses de salaires plus marquées. Aux États-Unis, les augmentations sont plus importantes, portées par une forte compétition entre employeurs pour attirer les talents dans un marché du travail tendu.

Ce qu’il faut en retenir

L’année 2024 a été marquée par des augmentations salariales pour une majorité de cadres en France. Cependant, ces hausses n’ont pas toujours suffi à compenser l’inflation, entraînant des préoccupations concernant le pouvoir d’achat. Les disparités sectorielles montrent que certains métiers et industries, comme la technologie de l’information, la finance, et les sciences de la vie, ont su tirer leur épingle du jeu, tandis que d’autres, comme l’industrie manufacturière et le commerce de détail, ont vu des augmentations plus modestes.

Les disparités régionales continuent également d’affecter les rémunérations, avec une différence marquée entre l’Île-de-France et d’autres régions moins dynamiques. Face à ces défis, de nombreuses entreprises misent sur des compléments de rémunération pour attirer et fidéliser les talents.

Les perspectives pour 2025 indiquent une tendance à la modération des augmentations, avec une focalisation accrue sur la performance individuelle. En outre, des efforts sont nécessaires pour réduire les inégalités salariales persistantes, notamment celles basées sur le genre.

Pour rester compétitives et attractives, les entreprises devront offrir des parcours professionnels intéressants et des avantages annexes, tout en s’alignant sur les évolutions internationales en matière de rémunération. La clé résidera dans la capacité des employeurs à créer des environnements de travail stimulants, équitables et adaptés aux besoins des cadres, afin de compenser les limitations liées aux augmentations salariales directes.