En 2025, les entreprises françaises prévoient des augmentations salariales médianes de 3,6 %, légèrement inférieures aux 3,8 % observés en 2024 et aux 4,3 % de 2023. Ces chiffres, issus de l’enquête Salary Budget Planning de WTW, indiquent une stabilisation des hausses salariales, tout en restant supérieures à l’inflation prévue de 1,5 % pour 2025. Cette évolution reflète la volonté des entreprises de répondre aux exigences d’un marché du travail en mutation, tout en adoptant une gestion salariale prudente dans un contexte économique post-pandémie et incertain.

Adaptation des politiques de rémunération aux attentes des salariés

Face à un marché du travail tendu, 41 % des organisations rencontrent des difficultés à attirer ou retenir leurs salariés. Pour y remédier, 43 % des entreprises ajustent les salaires pour des groupes spécifiques, et 41 % revoient à la hausse les grilles salariales d’entrée. De plus, 47 % cherchent à améliorer l’expérience collaborateur, en intégrant des éléments tels que la flexibilité du travail, des avantages sociaux, et des conditions de travail plus inclusives.

En complément des augmentations salariales directes, les entreprises se concentrent de plus en plus sur des avantages en nature et des dispositifs visant à améliorer le bien-être des salariés. Selon une étude récente d’Indeed, les attentes en matière de qualité de vie au travail, de possibilités de télétravail et de flexibilité des horaires sont devenues essentielles pour attirer et retenir les talents. En réponse, de nombreuses entreprises offrent des programmes de bien-être (comme des abonnements à des services de sport ou de méditation), contribuant ainsi à améliorer la rémunération globale des salariés.

Salariés les plus avantagés en 2025

Certains groupes de salariés seront particulièrement avantagés par les augmentations salariales en 2025. Les salariés des secteurs technologiques, des services financiers, et des métiers liés à la transition écologique devraient bénéficier des plus fortes hausses. Les postes de cadres, en particulier dans les fonctions stratégiques et les métiers en tension (comme les experts en cybersécurité, les data analysts, et les chefs de projets environnementaux), verront des augmentations supérieures à la moyenne.

Les compétences rares et les qualifications techniques continueront d’être très demandées, poussant les entreprises à revaloriser les salaires pour ces fonctions. Les fonctions commerciales et marketing, surtout dans les secteurs B2B, devraient également connaître des augmentations plus importantes, car elles jouent un rôle crucial dans la croissance et la résilience des entreprises en période de reprise économique.

Comparaison avec les pays voisins

En Europe, les augmentations salariales prévues pour 2025 sont similaires à celles de la France :

  • Italie : 3,7 %
  • Allemagne : 3,9 %
  • Espagne : 3,9 %
  • Royaume-Uni : 4,1 %

Ces chiffres reflètent une tendance générale à la prudence face aux incertitudes économiques. Cependant, des différences apparaissent dans les approches adoptées. En Allemagne, une étude du DIW (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung) indique que les augmentations sont davantage ciblées sur les secteurs industriels en croissance. En Espagne, les mesures prévoient aussi de compenser l’inflation plus élevée par des dispositifs spéciaux, tels que des primes ponctuelles.

Évolution des dispositifs de rémunération variable

Avec des augmentations salariales limitées, prévues entre 1,5 % et 2 % en 2025 selon Page Group, les entreprises explorent d’autres leviers pour fidéliser leurs talents. Une tendance notable est le déplafonnement des primes, visant à maximiser la productivité et à attirer les meilleurs profils. Selon Deloitte, 71 % des OETAM et 85 % des cadres bénéficient d’une rémunération variable en France, intégrant désormais des critères tels que la satisfaction client ou les objectifs RSE.

Par ailleurs, des entreprises comme L’Oréal ont inclus des indicateurs environnementaux et sociaux dans le calcul des primes de performance, illustrant un tournant vers une meilleure responsabilisation des entreprises vis-à-vis des enjeux sociétaux et environnementaux.

Impact des réformes législatives sur la paie en 2025

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2025 introduit des modifications majeures, notamment la réduction des exonérations pour les apprentis. Actuellement, la rémunération des apprentis est exonérée de cotisations salariales pour la part inférieure ou égale à 79 % du SMIC. Le PLFSS 2025 prévoit d’abaisser ce seuil à 50 % du SMIC, rendant la part excédant ce montant soumise à la CSG et à la CRDS. Cette mesure devrait s’appliquer dès le 1er janvier 2025.

Par ailleurs, le débat autour du salaire minimum au niveau européen pourrait aussi avoir un impact indirect sur la politique salariale en France. La Commission européenne a proposé des mesures visant à harmoniser les critères de détermination du salaire minimum dans chaque pays membre. Bien que la France ne soit pas directement concernée par une hausse massive du SMIC, ces réformes pourraient influencer les discussions sur les salaires bas et les négociations salariales dans les secteurs dits « à bas revenus ».

Problèmes actuels des entreprises françaises : faillites et liquidations

En 2025, alors que certaines entreprises parviennent à maintenir des augmentations salariales pour attirer et fidéliser leurs talents, beaucoup d’autres font face à des difficultés financières majeures. La situation économique post-pandémie, la hausse des coûts de l’énergie, et l’incertitude générale ont mené à une augmentation des faillites et des liquidations d’entreprises en France. En 2024, le nombre de procédures collectives a connu une hausse de 35 % par rapport à 2023, avec des secteurs tels que la restauration, le commerce de détail, et le bâtiment particulièrement touchés.

Parmi les entreprises en difficulté en 2024, on peut citer :

  • ArcelorMittal : Fermeture possible de deux centres à Reims et à Denain, menaçant environ 130 emplois.
  • Michelin : Fermeture de deux usines, entraînant la suppression de nombreux emplois.
  • Auchan : Suppression de 2 389 postes en raison des difficultés du secteur de la grande distribution.
  • Vencorex : Mise en redressement judiciaire, menaçant 500 emplois.
  • Europhane : Fermeture de l’usine des Andelys en Normandie, entraînant le licenciement de 85 employés.
  • La Grande Récré : Placée en redressement judiciaire pour la seconde fois en quelques années, en raison de la concurrence en ligne et de la baisse de la consommation.
  • Plusieurs PME du bâtiment : Notamment des entreprises spécialisées dans les travaux publics, qui ont dû déposer le bilan à cause de la hausse des coûts des matières premières et de la baisse des commandes publiques.

Ces défaillances ont des conséquences sur le marché du travail, avec une perte d’emplois significative et une pression accrue sur les salariés restants. Cela contribue à un climat d’incertitude qui affecte également la dynamique des augmentations salariales, car de nombreuses entreprises préfèrent rester prudentes sur les hausses de rémunération afin de maintenir leur trésorerie à flot.

Ce qu’il faut en retenir

Les prévisions pour 2025 indiquent une stabilisation des augmentations salariales en France, avec une attention particulière portée à l’adaptation des politiques de rémunération aux attentes des salariés. Les entreprises explorent des dispositifs tels que la rémunération variable pour attirer et retenir les talents, tout en naviguant dans un contexte économique incertain et des réformes législatives impactant la paie. Au-delà des augmentations salariales traditionnelles, les entreprises doivent composer avec des enjeux sociétaux, environnementaux, et des attentes croissantes en matière de bien-être et d’équité, contribuant à une reconfiguration globale des systèmes de rémunération.